Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de toute l’Angleterre soit celle des Impérialistes exaltés que vous voyez ici. Ils agissent sans mandat et font mal juger la métropole, mais ce sont des isolés. Or, ces gens sans mandat ont dans leur politique une continuité qui ne peut être qu’ordonnée en haut lieu, et j’ai peine à croire qu’un général puisse de son propre chef, fût-il anglais, vendre les armes de ses troupes et dans un moment aussi calculé.

Le but ? Détruire notre influence en Orient ; démembrer définitivement la Turquie, tel est le moyen. L’Angleterre ne veut en face de son grand empire des Indes qu’une poussière d’États vassaux et un khalife domestiqué. Pour arriver à cela, tous les moyens sont bons, mais il fallait d’abord détruire la sympathie que les populations turques, voire arabes, avaient pour nous. Depuis l’armistice surtout, la situation les inquiétait ; l’antipathie contre l’Angleterre régnait en Égypte, en Syrie, en Turquie, tandis que la sympathie pour la France grandissait chaque jour. On usa de tous les procédés : la force, la cajolerie, l’argent par millions de livres sterling. On créa du panarabisme à notre usage, quitte à le démolir ensuite. On acheta à Stamboul les antinationalistes et on excita les nationalistes contre nous à Diarbékir et à Alep ; on leur