Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/280

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enfin des Arméniens, ses espions et ses agents provocateurs ? L’Angleterre n’a-t-elle pas, au milieu du XIXe siècle, pour servir ses calculs diplomatiques, allumé dans le Liban une guerre civile qui faillit causer l’extermination des Maronites ? La France et l’Angleterre, par complaisance pour la Russie, n ont-elles point, avec une patience et un aveuglement concertés, donné aux Turcs, pour les massacres des Arméniens, le bénéfice de circonstances très atténuantes ? Un Livre bleu britannique de 1897 excusa officiellement les sévérités de la Porte à l’égard « des intrigues insensées et criminelles d’une poignée de révolutionnaires, dirigés et contrôlés par quelque comité central étranger… » Et ce que l’on regardait seulement comme un regrettable incident de politique intérieure en temps de paix, on veut en faire, en temps de guerre, une inexpiable violation du droit des gens. Les Turcs ont lieu de dire que notre morale est bien artificielle !

Ils ont pour nous taxer d’injustice d’autres raisons, et plus graves. Ils peuvent soutenir, avec trop d’apparences de vérité, que nous continuons de suivre l’affreuse maxime de ce légat du pape qui, au mépris d’un serment solennel, déchaîna, il y a quatre siècles, la guerre atroce des Hongrois contre les Ottomans : Traiter avec les infi-