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la part du commandement ignorant comme nous l’avons toujours été de la mentalité turque, j’ai cherché à orienter ma pensée et à me composer pour moi-même une directive qui fût empreinte de justice autant qu’il m’était possible. J’ai donc, en tous les milieux, réglé quantité de questions litigieuses entre Grecs, Arméniens et Turcs, assisté à des réunions de toutes sortes, fréquenté un grand nombre de familles, assisté à des dîners turcs, grecs ou arméniens, fréquenté des comités de dames turques, des personnes dévoilées, demi-voilées, ou très voilées, et la conséquence est qu’à mon tour et à mon regret, j’ai fini par massacrer, moralement bien entendu, des Arméniens.

Je suis navré de voir les erreurs que nous continuons à commettre et la plus grande eût été de donner Constantinople aux Grecs, comme ceux-ci le revendiquent de plus en plus.

Stamboul est toujours la seule partie de Constantinople où il fasse bon de vivre et où l’on se sente dans une atmosphère d’amitié et de bonté, loin du tapage et de la débauche et où le portefeuille ne risque pas de s’échapper dans des mains inconnues.

À Stamboul, j’avais quelques amis turcs qui ne comprenaient pas ma langue, mais dont