Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/70

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de jeunes conspirateurs s’était emparé de la banque ottomane pour la faire sauter, tandis que d’autres mettaient en sang le quartier de Psammatia. Il y eut dix-huit heures d’épouvante pendant lesquelles la dynamite fit rage ; un peu partout les bombes arméniennes, lancées par les fenêtres, tombèrent dru sur la tête des soldats, et la musique du Sultan, qui se rendait au palais pour la prière du vendredi, fut particulièrement atteinte.

« Eh bien ! quelle est la nation au monde qui n’aurait pas répondu à un pareil attentat par un châtiment exemplaire ? Certes un massacre n’est jamais excusable ; et je ne prétends pas absoudre mes amis Turcs, je ne veux qu’atténuer leur faute, comme c’est justice. En temps normal, débonnaires, tolérants à l’excès, doux comme des enfants rêveurs, je sais qu’ils ont des sursauts d’extrême violence, et que parfois des nuages rouges leur passent devant les yeux, mais seulement quand une vieille haine héréditaire, toujours justifiée du reste, se ranime au fond de leur cœur, ou quand la voix du Khalife les appelle à quelque suprême défense de l’Islam… »

Pauvres Turcs ! ce serait une erreur préjudiciable à nous tous, une injustice, un crime