se faisant un doigt de cour. Cela s’entremêle de madrigaux que je lui adresse sur sa personne et qu’elle sait me rendre avec une civilité parfaite ; d’autres dames du voisinage sortent alors des petits logis vermoulus et sombres pour assister au galant tournoi : c’est madame Montagne-Peinte, marchande de bric-à-brac au coin de la rue, ou madame Le Nuage qui vend des baguettes d’encens pour les Trépassés, ou encore madame Tubéreuse, dont l’époux, au fond d’un hangar poussiéreux, redore les bouddhas centenaires et répare les autels d’ancêtres.
Lorsque ma gerbe est enfin choisie et payée, je la laisse en dépôt chez la marchande (prétexte à revenir), et je commence mon ascension à peu près quotidienne à la sainte montagne qui surplombe.
Quantités de chemins s’offrent à moi, tout le long de cette rue vénérable, où il fait plus froid qu’ailleurs faute de soleil. Tantôt je m’en vais par les étroits raidillons qui grimpent au milieu des roches verdies, des mousses à reflet de velours, des capillaires aux tiges de crin