Aller au contenu

Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du genre léger, et déjà la salle se trouvait comble, à cause des représentations d’un comique à la mode, spécialiste incomparable pour jouer les maris frappés d’infortunes. On m’avait cependant fait place d’assez bonne grâce, malgré l’attitude de plus en plus arrogante qu’affectent les Nippons d’aujourd’hui vis-à-vis des étrangers, et je m’étais installé au milieu du parterre, dans les rangs compacts de la foule assise à même le plancher.

Jamais aucune décoration intérieure, dans ces théâtres, du bois brut, des poutres à peine équarries soutenant les tribunes et le plafond ; une simplicité d’étable. Mais l’assistance m’avait semblé dès l’abord assez choisie ; on ne voyait partout que des chignons très soignés, luisants et comme vernis. Fort peu de vestons : les spectateurs des deux sexes étaient vêtus presque tous de robes dans ces bleus foncés ou ces grisailles qui sont ici les nuances les mieux portées. (Contrairement à ce que l’on imagine chez nous, rien n’est plus sévère de couleur qu’une foule japonaise, le soir, sauf en des circonstances particulières de fête ou de pèle-