Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/267

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primer à leur figure le sceau de l’extrême Asie ; fines et presque sans corps, habillées de soies rares, qui tombaient en n’indiquant point de contours et dont les traînes, garnies de bourrelets, s’étalaient avec une raideur artificielle ; coiffées et peintes à ravir, comme les dames que représentent les images de la bonne époque purement japonaise. La pagode ouverte, derrière elles formait un fond d’une religiosité ultra-bizarre et lointaine. Au-dessus, c’était la demi-nuit des ramures, des feuillées touffues et d’un coin de montagne qui s’enfonçait dans les grosses nuées très proches. Au-dessous, c’était la dégringolade rapide du torrent et du sentier, plongeant tous deux côte à côte dans une obscurité plus sombrement verte encore, sous des futaies plus serrées, — parmi ces roches polies, grisâtres, qui semblent des fronts ou des dos d’éléphants, vautrés dans l’épaisseur des fougères.

Elles s’avançaient doucement, les trois belles dames, avec des vagues sourires, l’âme peut-être encore en prière chez le Dieu qui règne ici. Et les gentilles cascades, enfouies sous les herbes