fait cela avec l’abnégation habituelle, sans un murmure, sans se demander : « Pourquoi s’en vont-ils, les zouaves ; pourquoi s’en vont-ils, tous les soldats, tandis qu’il n’est pas question de retour pour nous, les marins, fatalement voués, de par les conditions mêmes de cette campagne très spéciale, aux besognes obscures et aux épuisantes fatigues ?… »
Donc, le paquebot qui portait « le bataillon de l’amiral Pottier » s’approchait tranquillement du Redoutable, tous les zouaves sur le pont, en rangs serrés, tournant vers nous des centaines de têtes brunies, coiffés du bonnet écarlate. C’était au déclin d’un soleil qu’on ne voyait pas, mais qui diffusait de mauvaises lueurs rougeâtres dans le ciel épais et sur la mer boueuse ; le cercle de l’horizon restait imprécis, perdu dans les vapeurs de ces orages qui menaçaient toujours, sans fondre jamais ; et, çà et là, de monstrueuses fumées noires, comme des haleines de volcan, soufflées par des navires de guerre, complétaient la laideur lugubre des aspects qui nous furent familiers durant plusieurs mois dans le golfe de Takou.