qui sont très élégantes et très fermées, qui n’admettent que de purs Japonais et quelques étrangers de marque, celles-là seules ont gardé la tradition : minutieuse propreté blanche, grandes salles où il n’y a rien, raffinement extrême dans l’absolue simplicité.
Mais toutes les autres, ouvertes à qui veut entrer, sont devenues sales et empestent l’absinthe. On y est admis sans se déchausser, en gros souliers boueux ; plus de nattes immaculées par terre, plus de coussins pour s’asseoir ; des chaises et des tables de cabaret ; sur les étagères, au lieu des gentilles porcelaines pour dînettes de poupées, aujourd’hui des alignements de bouteilles, du wisky, du brandy, du pale-ale ; tous les poisons d’Angleterre et d’Amérique, déversés chaque jour à pleins paquebots, sur le vieil empire du Soleil Levant.
Et pourtant le Japon existe encore. À certaines heures, dans certains lieux, on le retrouve si intact et si japonais, qu’il semble n’avoir subi qu’une atteinte superficielle. Cette grande baie singulière où nous sommes, entre ses hautes montagnes aux dentelures excessives, ne