Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Et puis ceux qui m’entourent m’ont gâté mon Tahiti, en me le présentant à leur manière ; ceux qui traînent partout leur personnalité banale, leurs idées terre à terre, qui jettent sur toute poésie leur bave moqueuse, leur propre insensibilité, leur propre ineptie. La civilisation y est trop venue aussi, notre sotte civilisation coloniale, toutes nos conventions, toutes nos habitudes, tous nos vices, et la sauvage poésie s’en va, avec les coutumes et les traditions du passé.................

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

» Tant est que, depuis trois jours que le Rendeer a jeté l’ancre devant Papeete, ton frère Harry a gardé le bord, le cœur serré, l’imagination déçue................

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

» John, lui, n’est pas comme moi, et je crois que déjà ce pays l’enchante ; depuis notre arrivée je le vois à peine,

» Il est d’ailleurs toujours ce même ami fidèle et sans reproche, ce même bon et tendre frère, qui veille sur moi comme un ange gardien et que j’aime de toute la force de mon cœur...

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .