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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/197

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Les Amalékites, en effet, contre lesquels les Hébreux livrèrent tant de batailles, furent les ancêtres des rares tribus que nous allons apercevoir sur notre route — et qui probablement leur ressemblent encore, de visages, de costumes et d’allures, car c’est ici le pays où rien ne change, l’Orient éternisé dans son rêve et sa poussière.



Il nous faut donc commencer ce matin par atteindre le sommet de la chaîne du Djebel-Tih, pour passer ensuite de l’autre côté, dans ce désert des Amalékites.

Les pentes sont très raides pour nos chameaux chargés, et les précipices, sous nos pieds, se creusent toujours en profondeur.

À notre grande surprise, voici pourtant un semblant de route, qui serpente vers les cimes désolées et que des blocs de pierres brutes, alignés de main d’homme, séparent des abîmes voisins. Sur un torrent desséché, voici même un pont, — un pont grossier, il est vrai, rudimentaire, à une seule arche massive — mais bien inattendu ici et bien invraisemblable. En ce pays où les choses les plus