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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/158

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fermés par des grilles de fer… Devant ces kiosques, si on s’arrête pour regarder aux fenêtres, on voit à l’intérieur, dans la pénombre, des compagnies de hauts catafalques vert-émir, que drapent des broderies anciennes. Et derrière les grilles des arcades, ce sont des tombeaux à ciel ouvert, que l’on aperçoit partout, en foule étonnamment pressée ; des tombeaux encore magnifiques, de grandes stèles en marbre qui se dressent les unes à toucher les autres, mystérieusement exquises de forme, et couvertes d’arabesques, d’inscriptions dorées, au milieu d’un fouillis de verdure, de rosiers roses, de fleurs sauvages et de longues herbes. Entre les dalles aussi de l’avenue sonore, les herbes poussent, et, quand on approche de la mosquée, on est dans la pénombre verte, car les branches des arbres forment une voûte.

En arrivant, André regarda dans la sainte cour, cherchant si elles étaient là. Mais non, encore personne. Très ombreuse, cette cour, sous des arceaux, sous des platanes centenaires ; les vieilles faïences brillaient çà et là sur les murailles, d’un reflet de soleil filtré entre des feuilles ; par terre se promenaient des pigeons et des cigognes du voisinage, très en confiance dans ce lieu calme, où les hommes ne songent qu’à prier. La lourde tenture qui masquait l’entrée du sanctuaire se souleva pourtant, et les trois petits fantômes noirs sortirent.