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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/398

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Le vent a hurlé toute la nuit sur le Bosphore, ce vent de la Mer Noire dont la voix lugubre sentendra bientôt dune façon presque continue pendant quatre ou cinq mois dhiver. Et ce matin il y a redoublement de rafales, qui viennent secouer la maison dAndré pour ajouter à la tristesse de son dernier réveil à Thérapia.

« Eh bien ! il en fait, un temps ! » lui dit son valet de chambre, en ouvrant ses fenêtres.

En face, sur les collines dAsie, on voit des nuages bas et obscurs, qui se traînent, à toucher les arbres échevelés.

Et c’est sous la tourmente sinistre, sous le coup de fouet des averses qu’il descend aujourdhui le Bosphore pour la dernière fois, passant devant le yali de ses amies, où déjà tout est fermé, calfeutré, des envolées de feuilles mortes dansant la farandole sur le quai de marbre.