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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/400

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XLVI


Ces deux semaines de fin octobre, que dura l’agonie de Mélek, furent de beau temps presque inaltérable et de mélancolique soleil. André, chaque soir, à la manière des écoliers, effaçait maintenant le jour révolu, sur un calendrier où la date du 30 novembre était marquée d’une croix. Il vivait le plus possible à Stamboul, de cette vie turque si près de finir pour lui. Mais, ici comme au Bosphore, la tristesse de l’automne s’ajoutait à celle du départ si prochain, et il faisait déjà presque froid, pour les rêveries, pour les narguilés de plein air, devant les saintes mosquées, sous les arbres qui s’effeuillaient.

Naturellement, il ne voyait plus jamais ses amies, car Djénane et Zeyneb ne s’éloignaient pas de celle qui allait mourir. Sur la fin, elles mettaient pour lui, aux grillages d’une fenêtre, un imperceptible signal blanc qui signifiait : elle vit toujours ; et il était con-