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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/410

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Mais la pauvre fille, en reculant devant elle, la regardait avec tant de candeur et de désespoir dans des yeux pleins de larmes, que la vieille cadine eut soudainement pitié; sans doute comprit-elle, en un éclair, ce que depuis des années elle se refusait à admettre, que linstitutrice dans tout cela n’était qu’un instrument irresponsable au service du Temps… Alors elle lui tendit les mains, en lui criant : « Pardon !… » Et ces deux femmes, jusque-là si ennemies, pleurèrent à sanglots dans les bras lune de lautre. Des incompatibilités didées, de races et dépoques les avaient séparées longuement ; mais toutes deux étaient bonnes et maternelles, capables de tendresse et de spontané retour.

Cependant un peu de lueur blême à travers les vitres annonçait la fin de cette nuit de novembre. Djénane donc, se souvenant dAndré, monta chercher un bout de ruban bleu comme cétait convenu, et, enlevant lautre signal, attacha celui-là aux quadrillages de la même fenêtre.