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Page:Loti - Les Derniers Jours de Pékin, 1901.djvu/241

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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

de faïence et ses vieux arbres tordus, qui se groupent et s’arrangent comme sur les laques, dans les paysages précieusement peints. Et voici la muraille rouge sang et l’une des portes d’émail jaune de la « Ville impériale », avec deux factionnaires de l’armée alliée qui me présentent les armes. Là, je me reconnais, je suis chez moi, et je congédie mon guide pour entrer seul dans cette « Ville jaune », de laquelle du reste, à cette heure-ci, on ne le laisserait plus sortir.

La « Ville impériale » ou « Ville jaune », ou « Ville interdite », murée de si terribles murs au milieu même de l’énorme Pékin aux enceintes babyloniennes, est bien plus un parc qu’une ville, un bois d’arbres séculaires — de l’espèce sombre des cyprès et des cèdres — qui peut avoir deux ou trois lieues de tour ; quelques très anciens temples y émergent d’entre les branches, et aussi quelques palais récents dus aux fantaisies de l’Impératrice régente. Ce grand bois, où je pénètre ce soir comme chez moi, à aucune époque précédente de l’histoire