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Page:Loti - Les Derniers Jours de Pékin, 1901.djvu/254

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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

terrible, avant d’avoir connu cette « Ville impériale », avant d’avoir aperçu le palais muré des Fils du Ciel ; et, à cette heure nocturne, dans la galerie surchauffée, au milieu de la fumée odorante épandue en nuage, l’impression qui nous reste des grands temples sombres, des grandes toitures d’émail jaune couronnant l’énormité titanesque des terrasses de marbre, s’exalte jusqu’à de l’admiration subjuguée, jusqu’à du respect et de l’effroi…

Et puis, même dans les mille détails des broderies, des ciselures, dont la profusion ici nous entoure, combien cet art est habile et juste, qui, pour rendre la grâce des fleurs, en exagère ainsi les poses languissantes ou superbes, le coloris violent ou délicieusement pâle, et qui, pour attester la férocité des êtres quels qu’ils soient, voire des moindres papillons ou libellules, leur fait à tous des griffes, des cornes, des rictus affreux et de gros yeux louches !… Elles ont raison, les broderies de nos coussins : c’est cela, les roses, les lotus, les chrysanthèmes ! Et, quant aux insectes,