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Page:Loti - Les Derniers Jours de Pékin, 1901.djvu/270

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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

visite. Autour de chez lui, bien entendu, tout est désolation, éboulements, décombres ; rien n’a plus forme de maisons, et on ne retrouve plus trace de rues. Je m’en vais, avec mes deux serviteurs, nos revolvers et notre petit fanal ; je m’en vais songeant à l’enseigne Henry, à sa gloire, à sa délivrance, à tout autre chose qu’à l’insignifiant détail du chemin à suivre dans ces ruines… D’ailleurs, c’est si près : un kilomètre à peine…

Une bourrasque de vent de Mongolie, qui éteint notre chandelle dans sa gaine de papier, nous enveloppe de tant de poussière qu’on ne voit plus à deux pas devant soi, comme en pleine brume. Et, n’étant jamais venus dans ce quartier, nous voilà égarés, au milieu des obstacles et des trous, trébuchant sur des pierres, sur des débris, des cassons de poterie ou des cassons de crâne.

À peine les étoiles pour nous guider, tant cette poussière fait nuage, et vraiment nous ne savons plus…