Page:Loti - Les Trois Dames de la Kasbah, 1884.djvu/15

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en haut, cette construction antique s’ouvrait en carré sur le ciel.

Pour entrer dans la maison de ces trois dames, il n’y avait qu’une seule petite porte, si renfoncée et si basse, qu’on eût dit une porte de sépulcre. Elle ne s’ouvrait jamais qu’à demi, en grinçant sur ses vieilles ferrures.

Les fenêtres, — sortes de trous irréguliers, grands à peu près comme des chatières, — étaient garnies de lourdes grilles scellées dans la muraille ; c’étaient des judas qui semblaient percés pour des regards furtifs de personnes invisibles et qui ne recevaient aucune lumière du dehors ; — car les maisons centenaires, en se rejoignant par le haut, faisaient voûte au-dessus de la rue déserte, et jetaient sur les pavés des demi-obscurités de catacombes.

Tout était vieux, vieux, dans la maison de ces trois dames, si vieux, que le temps semblait avoir rongé la forme des choses.