Page:Loti - Les Trois Dames de la Kasbah, 1884.djvu/52

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Quelquefois c’étaient là-dedans des musiques assourdissantes : des grosses caisses frappées à tour de bras par des hommes en sueur, des fifres criards dans lesquels on soufflait à les rompre, — des hurlements d’enragés. Et, de temps en temps, menés par une petite flûte — qui filait des sons doux, et des mélodies plaintives, — des hommes dansaient ensemble, avec une rose piquée sur l’oreille, en prenant des poses gracieuses et lascives de bayadères.

Et des femmes, tout enveloppées de soie blanche, passaient avec un semblant de timidité et de pudeur qui se cache ; on ne voyait d’elles qu’une forme neigeuse et voilée, ayant de grands yeux peints, admirables.

Au milieu de tout cela, je ne sais quelle chaleur irritante ; et puis des senteurs spéciales à l’Algérie, des exhalaisons de corps humains et de détritus organiques surchauffés au soleil, — avec des odeurs d’épices, et d’aromates, et de musc et de fleurs.