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MADAME CHRYSANTHÈME

lanternes en papier. C’est le bruit et le mouvement, tout à coup ; après la paix de notre faubourg silencieux.

Ici, pour le décorum, il faut se séparer de nos femmes. Elles se prennent par la main toutes les cinq, comme des petites filles à la promenade. Et nous suivons par derrière, avec des airs détachés. Ainsi vues de dos, elles sont très mignonnes, les poupées, avec leurs chignons si bien faits, leurs épingles d’écaille si coquettement mises. Elles traînent, en faisant un vilain bruit de sabots, leurs hautes chaussures de bois, et s’efforcent de marcher les bouts de pied tournés en dedans, ce qui est une chose de mode et d’élégance. À toute minute on entend leurs éclats de rire.

Oui, vues de dos, elles sont mignonnes ; elles ont, comme toutes les Japonaises, des petites nuques délicieuses. Et surtout elles sont drôles, ainsi rangées en bataillon. En parlant d’elles, nous disons : « Nos petits chiens savants », et le fait est qu’il y a beaucoup de cela dans leur manière.

Il est pareil d’un bout à l’autre, ce grand Nagasaki où brûlent tant de quinquets à pétrole, où papillotent tant de lanternes de couleur, où pas-