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MADAME CHRYSANTHÈME

modie abondamment ; de temps à autre, quand les esprits lassés n’écoutent plus, cela s’accompagne de battements de mains très secs — ou bien des sons grêles de certain claquebois qui se compose de deux disques en racine de mandragore ; c’est un jet interrompu de prière ; c’est intarissable et cela chevrote sans cesse comme le bêlement d’une vieille bique en délire…

« Après s’être lavé les mains et les pieds, disent les saints livres, on invoquera le grand Dieu Ama-Térace-Omi-Kami, qui est le roi de puissance de l’empire Japonais ; on invoquera les mânes de tous les défunts empereurs qui dérivent de lui ; les mânes ensuite de tous ses ancêtres personnels, jusqu’aux générations les plus reculées ; les Esprits de l’air et de la mer ; les Esprits des lieux secrets et immondes ; les Esprits sépulcraux du pays des racines, etc., etc… »

« Je vous estime et vous implore, chante madame Prune, ô Ama-Térace-Omi-Kami, roi de puissance. Protégez sans cesse votre peuple qui est prêt à se sacrifier à la patrie. Accordez-moi de devenir très sainte comme vous êtes et faites-moi la grâce de chasser de mon esprit les idées obscures. Je suis lâche et pécheresse : expulsez mes