les objets sans confiance, avec le vague sentiment que ces armoires pourraient bien, d’elles-mêmes, vous les escamoter.
Parmi les affaires de Chrysanthème, ce qui m’amuse à regarder, c’est la boîte consacrée aux lettres et aux souvenirs : elle est en fer-blanc, de fabrication anglaise, et porte sur son couvercle l’image coloriée d’une usine des environs de Londres. — Naturellement c’est comme chose d’art exotique, comme bibelot, que Chrysanthème la préfère à d’autres mignonnes boîtes, en laque ou en marqueterie, qu’elle possède. — On y trouve tout ce qu’il faut pour la correspondance d’une mousmé : de l’encre de Chine ; un pinceau ; du papier de couleur grise, très mince, taillé en longues bandes étroites ; de bizarres enveloppes, où l’on introduit ce papier (après l’avoir replié sur lui-même une trentaine de fois), et qui sont ornées de paysages, de poissons, de crabes ou d’oiseaux.
Sur des lettres anciennes, qui sont là, à elle adressées, je sais reconnaître les deux caractères qui signifient son nom : « Kikou-San » (Chrysanthème madame). Et quand je l’interroge, elle me répond en japonais, avec un air de femme sérieuse :