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MADAME CHRYSANTHÈME

nit, de tournures inconnues, sont assis dans les coins et font des grimaces d’une férocité souriante ; leurs figures expriment des mystères sans nom, qui font frissonner, au milieu de cette musique gémissante du vent, sous cette obscurité des nuages et des branches.

Ils ne devaient pas ressembler aux Japonais d’aujourd’hui, les hommes qui ont conçu tous ces temples d’autrefois, qui en ont construit partout, qui en ont rempli ce pays jusque dans ses derniers recoins solitaires.


Une heure plus tard, au crépuscule de cette journée de typhon, toujours dans cette même montagne, le hasard me conduit sous des arbres ressemblant à des chênes ; ils sont tordus toujours par ce vent, et les touffes d’herbes sous leurs pieds ondulent, couchées, rebroussées en tous sens… Là, je retrouve très nettement tout d’un coup ma première impression de grand vent dans les bois — dans les bois de la Limoise, en Saintonge, il y a quelque vingt-huit ans, à l’un des mois de mars de ma petite enfance.

Il soufflait sur l’autre face du monde, ce pre-