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MADAME CHRYSANTHÈME

telle que M. Sucre et madame Prune l’avaient conçue. Il y a maintenant plusieurs lampes, de forme religieuse, qui descendent du plafond ; beaucoup d’escabeaux et beaucoup de vases ; des dieux et des déesses autant que dans une pagode.

Il y a même un petit autel shintoïste, devant lequel madame Prune n’a pu se tenir de tomber en prières et de chanter, avec son tremblement de vieille chèvre :

« Lavez-moi très blanchement de mes péchés, ô Ama-Térace-Omi-Kami, comme on lave des choses impures dans la rivière de Kamo… »

Pauvre Ama-Térace-Omi-Kami, laver les impuretés de madame Prune ! Quelle besogne longue et ingrate !!

Chrysanthème, qui est bouddhiste, prie quelquefois le soir avant de se coucher, tandis que le sommeil l’accable ; elle prie en claquant des mains devant la plus grande de nos idoles dorées. Mais son sourire, qui revient après, semble une moquerie d’enfant à l’adresse du Bouddha, dès que la prière est finie. Je sais aussi qu’elle vénère ses Ottokés (les Esprits de ses ancêtres), dont l’autel assez somptueux est chez madame Renoncule sa