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MADAME CHRYSANTHÈME

qui vise à mouler le plus possible des formes vraies ou fausses…

Et puis, comme j’admire ces fleurs arrangées dans nos vases par Chrysanthème, avec son art japonais : fleurs de lotus, grandes fleurs sacrées, d’un rose tendre et veiné, d’un rose laiteux de porcelaine, qui ressemblent à de très larges nénufars lorsqu’elles sont épanouies et, lorsqu’elles sont en bouton seulement, à de longues tulipes pâles. Leur parfum doux, un peu fatigant, s’ajoute à cette autre indéfinissable odeur de mousmés, de race jaune, de Japon, qui est toujours et partout dans l’air. Fleurs attardées en septembre, qui, en cette saison, se font très rares, coûtent très cher et s’élancent sur des tiges plus hautes ; Chrysanthème leur a laissé leurs immenses feuilles aquatiques d’un vert triste d’algue marine, et les a mêlées à des roseaux frêles. — Je les regarde et je songe avec quelque ironie à ces gros paquets ronds en forme de chou-fleur, que font nos bouquetières en France, avec entourage de dentelle ou de papier blanc…

… Toujours pas de lettres d’Europe, de personne.