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MADAME CHRYSANTÈME

sont familières, pliées avec soin et enveloppées dans des serviettes bleues nouées aux quatre bouts. — Je crois même que j’éprouve une impression furtive de tristesse en voyant sortir de l’un de ces paquets un coin de la boîte consacrée aux lettres et aux souvenirs — dans laquelle mon portrait, par Uyeno, habite maintenant en compagnie de divers minois de mousmés. — Une sorte de mandoline à long manche, prête à partir aussi, est posée sur le tout dans une gaine de soie bigarrée. — Cela ressemble au déménagement de quelque gitane — ou plutôt cela me rappelle certaine gravure d’un livre de fables que j’avais dans mon enfance : c’est tout à fait le même attirail et la longue guitare que la Cigale, ayant chanté tout l’été, portait sur son dos quand elle vint frapper chez la Fourmi sa voisine.

Pauvre petit bagage !…


Je monte sur la pointe du pied, — et je m’arrête, entendant chanter là-haut chez moi.

C’est bien la voix de Chrysanthème, et la chanson est gaie ! J’en suis dérouté, refroidi, et j’ai presque un regret d’avoir pris la peine de venir.