Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
294
MADAME CHRYSANTÈME

— Rester, je ne le puis vraiment pas. J’ai plusieurs courses à faire en ville, vois-tu, et l’ordre nous a été donné de rentrer tous à bord à trois heures, pour l’appel général du départ. Et puis j’aime mieux me sauver, tu comprends, pendant que madame Prune repose encore en pleine sieste ; je craindrais d’être attiré encore dans des petits coins, de provoquer quelque scène déchirante au moment de la séparation…

Chrysanthème baisse la tête, ne dit plus rien, et, voyant que décidément je m’en vais, se lève pour me reconduire.

Sans parler, sans faire de bruit, elle derrière moi, nous descendons l’escalier, nous traversons le jardinet plein de soleil où les arbustes nains et les plantes contrefaites semblent, comme le reste de la maison, plongés dans une somnolence chaude.

À la porte de sortie, je m’arrête pour les derniers adieux : la petite moue de tristesse a reparu, plus accentuée que jamais, sur la figure de Chrysanthème ; c’est de circonstance d’ailleurs, c’est correct, et je me sentirais offensé s’il en était autrement.