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Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/87

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MADAME CHRYSANTHÈME

prenant un air de faire mes devoirs. — Oh ! ce temps où je faisais mes devoirs… avais-je assez la tête ailleurs, — aux voyages, aux pays lointains, aux forêts tropicales devinées en rêve… À cette époque, aux environs de ce banc de jardin, dans certains creux des pierres du mur, de vilaines bêtes d’araignées noires habitaient, toujours au guet, le nez à leur fenêtre, prêtes à sauter sur les moucherons étourdis ou le mille-pattes en promenade. Et un de mes amusements était de prendre un brin d’herbe, ou la queue d’une cerise, pour chatouiller tout doucement, tout doucement, ces araignées dans leur trou ; elles sortaient alors brusquement, très mystifiées, croyant avoir affaire à quelque proie, — tandis que je retirais ma main avec horreur… Eh bien, le 14 juillet de l’année dernière, m’étant rappelé ce temps à jamais envolé des thèmes et des versions, et ce jeu d’autrefois, j’avais parfaitement retrouvé les mêmes araignées (ou du moins les filles des anciennes) postées dans les mêmes trous. Et, en les regardant, en regardant des brins d’herbe, des lichens, il m’était revenu mille souvenirs des premiers étés de ma vie, souvenirs qui avaient dormi pendant des