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tible d’Yves, déjà endormi d’un sommeil profond. — Au pied de notre lit, les poules couchées, rêvant tout haut sur leur perchoir. Un grillon donnant de temps à autre, dans l’âtre encore chaud, une mystérieuse petite note de cristal. Et puis dehors, autour de la chaumière isolée, toujours ce vent : un gémissement immense courant sur tout le pays breton ; une poussée incessante venue de la mer avec la nuit et mettant dans la campagne un monotone remuement noir, à l’heure des apparitions et des promenades de morts.

XXI

— Bonjour, Yves !

— Bonjour, Pierre !

Et nous ouvrons à la lumière grise du matin les auvents de notre armoire.

Ce bonjour, Pierre ! précédé d’un petit sourire d’intelligence, m’est dit avec hésitation, d’une voix intimidée ; c’est bonjour, capitaine, qu’Yves a l’habitude de dire, et il n’en revient pas de s’éveiller si près de moi, avec la consigne de m’appeler par mon