Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/342

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dans sa première jeunesse, il avait fait des tours comme Yves, et puis il était devenu tout à fait rangé en prenant de l’âge ; il ne fallait jamais désespérer des marins…

C’est égal, dans son indignation contre ces femmes de Brest, Marie venait de prendre un grand parti : s’en retourner à Toulven, coûte que coûte, et dès demain si c’était possible.

Aussitôt rentrée au logis, elle se mit à écrire une longue lettre à Yves pour lui motiver sa décision. Il est vrai, le loyer de Recouvrance courrait encore pendant trois mois et la petite maison de Toulven ne serait pas finie de longtemps ; mais elle rattraperait tout cela à force de travail et d’économie ; elle se mettrait à repasser pour le monde, à tuyauter les grandes collerettes du pays, un ouvrage difficile, qu’elle savait parfaitement réussir au moyen d’un jeu de roseaux très fins.

Ensuite elle raconta dans sa lettre toutes les nouvelles choses que petit Pierre savait dire et faire ; elle y mit, en termes très naïfs, sa grande tendresse pour l’absent ; elle y attacha une mèche de cheveux, coupés sur une certaine petite tête brune très remuante ; et puis enferma la tout dans