Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/372

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deux de ma femme ; mais j’ai bien hâte de lire celle que vous m’écrirez quand vous aurez passé par Toulven.

» Cher frère, votre remplaçant à bord est tout à fait comme vous ; il est très bon avec les marins. Tant qu’au remplaçant de M. Plumkett, il est assez dur, mais pas à mon égard, au contraire. M. Plumkett m’avait dit qu’il m’aurait recommandé à lui en partant, et c’est une chose que je croirais assez. Les autres et le major sont toujours de même ; ils me parlent souvent de vous et me demandent de vos nouvelles.

» Le commandant m’a donné à faire le service de second-maître depuis que nous avons jeté à l’eau le pauvre Marsano, le Niçois, qu’on a trouvé tué un matin dans son hamac en faisant le branle-bas. Et j’aime beaucoup ce service-là.

» Cher frère, on a envoyé deux fois les marins se promener à terre, à San-Francisco, et vous pensez, sans vous, je n’ai pas seulement voulu donner mon nom pour descendre avec eux. Même je vous dirai que les gabiers ont fait une grande baroufe, la seconde nuit, contre des Allemands, et il y a eu du mal avec les couteaux.