Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/379

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qui était finie et où on l’attendait justement pour tout installer… Et puis ils allaient se trouver très riches, ce qui ne gâterait rien…

Non, jamais dans sa vie de pauvre errant, toujours à la peine, — jamais il n’avait eu une heure si belle, une joie si profonde que celle que son frère Pierre venait de lui envoyer par le télégraphe…

XCIX

Quand les vents me ramènent en Bretagne, c’est aux derniers jours de mai, au plus beau du printemps breton.

Il y a déjà six semaines qu’Yves est dans sa petite maison de Toulven, arrangeant ma chambre, préparant tout pour mon arrivée.

Le navire sur lequel je suis embarqué a quitté la Méditerranée pour remonter dans l’Océan, vers les ports du Nord et désarmer à Brest.

18 mai, en mer. — Déjà on sent la Bretagne approcher. Il fait beau encore, mais un de ces beaux temps bretons qui sont tranquilles et mélanco-