Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/98

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cles : les instruments de la passion, ou bien des images grimaçantes du christ.

De loin en loin, on voyait les chaumières à toit de paille, toutes verdies de mousse, à demi enfouies dans la terre et les branchages morts. Les arbres étaient rabougris, dépouillés par l’hiver, tourmentés par le vent du large. Personne nulle part, et tout cela était silencieux.

Une chapelle de granit gris, avec un enclos de hêtres et des tombes… Ah ! oui, je la reconnaissais sans l’avoir jamais vue : la chapelle de Plouherzel ! Yves m’en avait souvent parlé à bord pendant les nuits de quart, pendant les nuits limpides de là-bas où on rêvait du pays : — « Quand on est rendu à la chapelle, disait-il, c’est tout près ; on n’a plus qu’à tourner dans le sentier à gauche, deux cents pas, et on est chez nous. »

Je tournai à gauche, et, au bord du sentier, j’aperçus la chaumière.

Elle était isolée et toute basse sous de vieux hêtres.

Elle regardait un grand paysage triste dont les lointains s’estompaient dans les gris noirs. C’étaient des plaines, des plaines monotones avec des fantô-