Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Gaud – comme une belle demoiselle dont la visite était un honneur pour la famille. Par un escalier de bois blanc tout neuf, on la fit monter dans la chambre d’en haut qui était la gloire du logis. Elle se rappelait bien l’histoire de la construction de cet étage ; c’était à la suite d’une trouvaille de bateau abandonné faite en Manche par le père Gaos et son cousin le pilote ; la nuit du bal, Yann lui avait raconté cela.

Cette chambre de l’épave était jolie et gaie dans sa blancheur toute neuve ; il y avait deux lits à la mode des villes, avec des rideaux en perse rose ; une grande table au milieu. Par la fenêtre, on voyait tout Paimpol, toute la rade, avec les Islandais là-bas, au mouillage, – et la passe par où ils s’en vont.

Elle n’osait pas questionner, mais elle aurait bien voulu savoir où dormait Yann ; évidemment, tout enfant, il avait dû habiter en bas, dans quelqu’un de ces antiques lits en armoire. Mais à présent, c’était peut-être ici, entre ces beaux rideaux roses. Elle aurait aimé être au courant des détails de sa vie, savoir surtout à quoi se passaient ses longues soirées d’hiver…