Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/120

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l’odeur de la mer, rencontrant çà et là, sur la rase lande, des chaumières déjà fermées, bien sombres, sous leur toiture bossue, pauvres nids où des pêcheurs étaient blottis ; rencontrant les croix, les ajoncs et les pierres.

Comme c’était loin, ce Pors-Even, et comme elle s’y était attardée !

Quelquefois ils croisaient des gens qui revenaient de Paimpol ou de Loguivy ; en regardant approcher ces silhouettes d’hommes, elle pensait chaque fois à lui, à Yann ; mais c’était aisé de le reconnaître à distance et vite elle était déçue. Ses pieds s’embarrassaient dans de longues plantes brunes, emmêlées comme des chevelures, qui étaient les goémons traînant à terre.

À la croix de Plouëzoc’h, elle salua le vieillard, le priant de retourner. Les lumières de Paimpol se voyaient déjà, et il n’y avait plus aucune raison d’avoir peur.

Allons, c’était fini pour cette fois… Et qui sait à présent quand elle verrait Yann…

Pour retourner à Pors-Even, les prétextes ne lui auraient pas manqué, mais elle aurait eu trop mauvais air en recommençant cette visite. Il fallait