Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/125

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traître, l’accueillent avec un hou ! qu’ils poussent tous ensemble et qui fait un bruit profond comme le vent d’ouest. Il avait surtout trouvé qu’il y faisait très chaud, qu’on y manquait d’air et de place ; une tentative pour enlever son paletot lui avait valu une réprimande de l’officier de service. Et il s’était endormi sur la fin.

En rentrant à la caserne, passé minuit, il avait rencontré des dames d’un âge assez mûr, coiffées en cheveux, qui faisaient les cent pas sur leur trottoir.

— Écoute ici, joli garçon, disaient-elles avec des grosses voix rauques.

Il avait bien compris tout de suite ce qu’elles voulaient, n’étant point si naïf qu’on aurait pu le croire. Mais le souvenir, évoqué tout à coup, de sa vieille grand’mère et de Marie Gaos, l’avait fait passer devant elles très dédaigneux, les toisant du haut de sa beauté et de sa jeunesse avec un sourire de moquerie enfantine. Elles avaient même été fort étonnées, les belles, de la réserve de ce matelot :

— As-tu vu celui-là !… Prends garde, sauve-toi, mon fils ; sauve-toi vite, l’on va te manger.