Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/170

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ces toits de village accentuent l’étrangeté de leur courbure, et des hommes jaunes, embusqués derrière, avancent, pour regarder, leurs figures plates contractées par la malice et la peur… Puis brusquement, ils sortent en jetant un cri, et se déploient en une longue ligne tremblante, mais décidée et dangereuse.

— Les Chinois ! disent encore les matelots, avec leur même brave sourire.

Mais c’est égal, ils trouvent cette fois qu’il y en a beaucoup, qu’il y en a trop. Et l’un d’eux, en se retournant, en aperçoit d’autres, qui arrivent par derrière, émergeant d’entre les herbages…

. . . . . . . . . . . . . . . . .

… Il fut très beau, dans cet instant, dans cette journée, le petit Sylvestre ; sa vieille grand’mère eût été fière de le voir si guerrier !

Déjà transfiguré depuis quelques jours, bronzé, la voix changée, il était là comme dans un élément à lui. À une minute d’indécision suprême, les matelots, éraflés par les balles, avaient presque commencé ce mouvement de recul qui eût été leur mort à tous ; mais Sylvestre avait continué d’avancer ; ayant pris son fusil par le canon, il