Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/176

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Depuis le départ d’Ha-Long, il en était mort plus d’un, qu’il avait fallu jeter dans l’eau profonde, sur ce grand chemin de France ; beaucoup de ces petits lits s’étaient débarrassés déjà de leur pauvre contenu.

Et ce jour-là, dans l’hôpital mouvant, il faisait très sombre : on avait été obligé, à cause de la houle, de fermer les mantelets en fer des sabords, et cela rendait plus horrible cet étouffoir de malades.

Il allait plus mal, lui ; c’était la fin. Couché toujours sur son côté percé, il le comprimait des deux mains, avec tout ce qui lui restait de force, pour immobiliser cette eau, cette décomposition liquide dans ce poumon droit, et tâcher de respirer seulement avec l’autre. Mais cet autre aussi, peu à peu, s’était pris par voisinage, et l’angoisse suprême était commencée.

Toute sorte de visions du pays hantaient son cerveau mourant ; dans l’obscurité chaude, des figures aimées ou affreuses venaient se pencher sur lui ; il était dans un perpétuel rêve d’halluciné, où passaient la Bretagne et l’Islande.

Le matin, il avait fait appeler le prêtre, et celui-