Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/182

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avait fallu se hâter, et les lettres blanches de son nom coulaient sur le fond noir.

Nous traversâmes cette Babel au soleil levant. Et puis se fut une émotion, de retrouver là, à deux pas de l’immonde grouillement chinois, le calme d’une église française. Sous cette haute nef blanche, où j’étais seul avec mes matelots, le Dies iræ chanté par un prêtre missionnaire résonnait comme une douce incantation magique. Par les portes ouvertes on voyait des choses qui ressemblaient à des jardins enchantés, des verdures admirables, des palmes immenses ; le vent secouait les grands arbres en fleurs, et c’était une pluie de pétales d’un rouge de carmin qui tombaient jusque dans l’église.

Après, nous sommes allés au cimetière, très loin. Notre petit cortège de matelots était bien modeste, le cercueil toujours recouvert du pavillon de France. Il nous fallut traverser des quartiers chinois, un fourmillement de monde jaune ; puis des faubourgs malais, indiens, où toute sorte de figures d’Asie nous regardaient passer avec des yeux étonnés.

Ensuite, la campagne, déjà chaude ; des chemins