Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/219

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annonçait le mariage de la belle Jeannie Caroff — une fille très connue des Islandais — avec certain vieux richard infirme, de la commune de Plourivo.

Ils se voyaient comme à travers des gazes blanches, et il semblait que cela changeât aussi le son des voix qui avait quelque chose d’étouffé et de lointain.

Cependant Yann ne pouvait détacher ses yeux d’un de ces pêcheurs, un petit homme déjà vieillot qu’il était sûr de n’avoir jamais vu nulle part et qui pourtant lui avait dit tout de suite : « Bonjour, mon grand Yann ! » avec un air d’intime connaissance ; il avait la laideur irritante des singes avec leur clignotement de malice dans ses yeux perçants.

— Moi, disait encore Larvoër, de la Reine-Berthe, on m’a marqué la mort du petit-fils de la vieille Yvonne Moan, de Ploubazlanec, qui faisait son service à l’État, comme vous savez, sur l’escadre de Chine ; un bien grand dommage !

Entendant cela, les autres de la Marie se tournèrent vers Yann pour savoir s’il avait déjà connaissance de ce malheur.