Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

car leur navire était moins près, et, tout à coup, ceux de la Marie ne trouvèrent plus rien à pousser, plus rien au bout de leurs longs morceaux de bois ; tous leurs « espars », avirons, mâts ou vergues, s’agitèrent en cherchant dans le vide, puis retombèrent les uns après les autres lourdement dans la mer, comme de grands bras morts. On rentra donc ces défenses inutiles : la Reine-Berthe, replongée dans la brume profonde, avait disparu brusquement tout d’une pièce, comme s’efface l’image d’un transparent derrière lequel la lampe a été soufflée. Ils essayèrent de la héler, mais rien ne répondit à leurs cris, — qu’une espèce de clameur moqueuse à plusieurs voix, terminée en un gémissement qui les fit se regarder avec surprise…

Cette Reine-Berthe ne revint point avec les autres Islandais et, comme ceux du Samuel-Azénide avaient rencontré dans un fiord une épave non douteuse (son couronnement d’arrière avec un morceau de sa quille), on ne l’attendit plus ; dès le mois d’octobre, les noms de tous ses marins furent inscrits dans l’église sur des plaques noires.

Or, depuis cette dernière apparition dont les