Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/280

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rire un peu, par confusion d’être découvert, Yann regarda Gaud avec de bons yeux graves qui, à leur tour interrogeaient profondément : lui pardonnerait-elle au moins ? Il avait un si grand remords aujourd’hui de lui avoir fait tant de peine, lui pardonnerait-elle ?…

— C’est mon caractère qui est comme cela, Gaud, dit-il. Chez nous, avec mes parents, c’est la même chose. Des fois, quand je fais ma tête dure, je reste pendant des huit jours comme fâché avec eux presque sans parler à personne. Et pourtant je les aime bien, vous le savez, et je finis toujours par leur obéir dans tout ce qu’ils veulent, comme si j’étais encore un enfant de dix ans… Si vous croyez que ça faisait mon affaire, à moi, de ne pas me marier ! Non, cela n’aurait plus duré longtemps dans tous les cas, Gaud, vous pouvez me croire.

Oh ! si elle lui pardonnait ! Elle sentait tout doucement des larmes lui venir, et c’était le reste de son chagrin d’autrefois qui finissait de s’en aller à cet aveu de son Yann. D’ailleurs, sans toute sa souffrance d’avant, l’heure présente n’eût pas été si délicieuse ; à présent que c’était fini, elle