Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/283

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pelant le jour de leurs noces et leurs premières années. Grand’mère Yvonne était là et suivait aussi, très éventée, mais presque heureuse, au bras d’un vieil oncle de Yann qui lui disait des galanteries anciennes ; elle portait une belle coiffe neuve qu’on lui avait achetée pour la circonstance et toujours son petit châle, reteint une troisième fois — en noir, à cause de Sylvestre.

Et le vent secouait indistinctement tous ces invités ; on voyait les jupes relevées et des robes retournées ; des chapeaux et des coiffes qui s’envolaient.

À la porte de l’église, les mariés s’étaient acheté, suivant la coutume, des bouquets de fausses fleurs pour compléter leur toilette de fête. Yann avait attaché les siennes au hasard sur sa poitrine large, mais il était de ceux à qui tout va bien. Quant à Gaud, il y avait de la demoiselle encore dans la façon dont ces pauvres fleurs grossières étaient piquées en haut de son corsage — très ajusté, comme autrefois sur sa forme exquise.

Le violonaire qui menait tout ce monde, affolé par le vent, jouait à la diable ; ses airs arrivaient aux oreilles par bouffées, et, dans le bruit des