Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/288

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Et en bas aussi, bien entendu, on mangeait et on cuisinait ; toute la queue du cortège s’y était entassée en désordre, et des femmes de peine, louées à Paimpol, perdaient la tête devant la grande cheminée encombrée de poêles et de marmites.

Les parents d’Yann auraient souhaité pour leur fils une femme plus riche, c’est bien sûr ; mais Gaud était connue à présent pour une fille sage et courageuse ; et puis, à défaut de sa fortune perdue, elle était la plus belle du pays, et cela le flattait de voir les deux époux si assortis.

Le vieux père, en gaîté après la soupe, disait de ce mariage :

— Ça va faire encore des Gaos, on n’en manquait pourtant pas dans Ploubazlanec !

Et en comptant sur ses doigts, il expliquait à un oncle de la mariée comment il y en avait tant de ce nom-là : son père, qui était le plus jeune de neuf frères, avait eu douze enfants, tous mariés avec des cousines, et ça en avait fait, tout ça, des Gaos, malgré les disparus d’Islande !…

— Pour moi, dit-il, j’ai épousé aussi une Gaos ma parente, et nous en avons fait encore quatorze à nous deux.