Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/309

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tout du même bleu pâle, et restait tranquille. Le soleil brillait d’un grand éclat blanc, et le rude pays breton s’imprégnait de cette lumière comme d’une chose fine et rare ; il semblait s’égayer et revivre jusque dans ses plus profonds lointains. L’air avait pris une tiédeur délicieuse sentant l’été, et ont eût dit qu’il s’était immobilisé à jamais, qu’il ne pouvait plus y avoir de jours sombres ni de tempêtes. Les caps, les baies, sur lesquels ne passaient plus les ombres changeantes des nuages, dessinaient au soleil leurs grandes lignes immuables ; ils paraissaient se reposer, eux aussi, dans des tranquillités ne devant pas finir… Tout cela comme pour rendre plus douce et éternelle leur fête d’amour ; — et on voyait déjà des fleurs hâtives, des primevères le long des fossés, ou des violettes, frêles et sans parfum.

Quand Gaud demandait :

— Combien de temps m’aimeras-tu, Yann ?

Lui, répondait, étonné, en la regardant bien en face avec ses beaux yeux francs :

— Mais, Gaud, toujours…

Et ce mot, dit très simplement par ses lèvres