Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/311

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tant de terres… ça doit être malsain. Tant de maisons, tant de monde… Il doit y avoir des mauvaises maladies, dans ces villes ; non, je ne voudrais pas vivre là-dedans, moi, bien sûr.

Et elle souriait, s’étonnant de voir combien ce grand garçon était un enfant naïf.

Quelquefois ils s’enfonçaient dans ces replis du sol où poussent de vrais arbres qui ont l’air de s’y tenir blottis contre le vent du large. Là, il n’y avait plus de vue ; par terre, des feuilles mortes amoncelées et de l’humidité froide, le chemin creux bordé d’ajoncs verts, devenait sombre sous les branchages, puis se resserrait entre les murs de quelque hameau noir et solitaire, croulant de vieillesse, qui dormait dans ce bas-fond ; et toujours quelque crucifix se dressait bien haut devant eux, parmi les branches mortes, avec son grand Christ de bois rongé comme un cadavre, grimaçant sa douleur sans fin.

Ensuite le sentier remontait, et, de nouveau, ils dominaient les horizons immenses, ils retrouvaient l’air vivifiant des hauteurs et de la mer.

Lui, à son tour, racontait l’Islande, les étés pâles et sans nuit, les soleils obliques qui ne se