Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/340

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rouleau, ça leur ressemble joliment toujours ; qu’en dis-tu, Gaud, ma fille ?

» Et pourtant non, reprit-il avec un découragement soudain ; non, nous nous trompons encore, le bout dehors n’est pas pareil et ils ont un foc d´artimon, c’est la Marie-Jeanne. Oh ! mais bien sûr, ma fille, ils ne tarderont pas.


Et chaque jour venait après chaque jour ; et chaque nuit arrivait à son heure, avec une tranquillité inexorable.

Elle continuait de se mettre en toilette, un peu comme une insensée, toujours par peur de ressembler à une femme de naufragé, s’exaspérant quand les autres prenaient avec elle un air de compassion et de mystère, détournant les yeux pour ne pas croiser en route de ces regards qui la glaçaient.

Maintenant elle avait pris l’habitude d’aller dès le matin tout au bout des terres, sur la haute falaise de Pors-Even, passant par derrière la maison paternelle de son Yann pour n’être pas vue par la mère ni les petites sœurs. Elle s’en allait toute seule à l’extrême pointe de ce pays de Ploubazlanec