Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/342

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miroir ; elle menait un tout petit bruit caressant, léger et immense, qui montait du fond de toutes les baies. Et c’étaient des lointains si calmes, des profondeurs si douces ! Le grand néant bleu, le tombeau des Gaos, gardait son mystère impénétrable, tandis que des brises, faibles comme des souffles, promenaient l’odeur des genêts ras qui avaient refleuri au dernier soleil d’automne.

À certaines heures régulières, la mer baissait, et des taches s’élargissaient partout, comme si lentement la Manche se vidait ; ensuite, avec la même lenteur, les eaux remontaient et continuaient leur va-et-vient éternel, sans aucun souci des morts.

Et Gaud, assise au pied de sa croix, restait là, au milieu de ces tranquillités, regardant toujours, jusqu’à la nuit tombée, jusqu’à ne plus rien voir.