Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/59

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À la fin il était arrivé, en belle tenue lui aussi, s’excusant sans embarras auprès des parents de la mariée. Voilà : de grands bancs de poissons, qu’on n’attendait pas du tout, avaient été signalés d’Angleterre comme devant passer le soir, un peu au large d’Aurigny ; alors tout ce qu’il y avait de bateaux dans Ploubazlanec avait appareillé en hâte. Un émoi dans les villages, les femmes cherchant leurs maris dans les cabarets, les poussant pour les faire courir ; se démenant elles-mêmes pour hisser les voiles, aider à la manœuvre, enfin un vrai branle-bas dans le pays…

Au milieu de tout ce monde qui l’entourait, il racontait avec une extrême aisance ; avec des gestes à lui, des roulements d’yeux, et un beau sourire qui découvrait ses dents brillantes. Pour exprimer mieux la précipitation des appareillages, il jetait de temps en temps au milieu des phrases un certain petit hou ! prolongé, très drôle, — qui est un cri de matelot donnant une idée de vitesse et ressemblant au son flûté du vent. Lui qui parlait avait été obligé de se chercher un remplaçant bien vite et de le faire accepter par le patron de la barque auquel il s’était loué pour la saison d’hiver. De là